Le ney

Le ney (persan ou turc), est une flûte oblique en roseau à embouchure terminale en corne, originaire d’Asie centrale, dont les plus anciennes formes datent de l’âge des pyramides (3000-2500 av. J.-C.).

Depuis le XIIIe siècle, siècle de Mevlana fondateur de la confrérie Mevlevi, le ney est devenu l’instrument fondamental de la musique classique et mystique.

Il est en effet considéré comme le symbole de l’âme, qui, séparée du monde céleste, recherche l’union. Image de l’Homme Parfait, il incarne ce que le mystique souhaite devenir : une «  écorce transparente animée par le souffle divin » (le premier son émis par le ney se rapprocherait le plus du souffle vital).

Écoute le ney raconter une histoire ; il se lamente de la séparation :

« Depuis qu’on m’a coupé de la jonchaie, ma plainte fait gémir l’homme et la femme.
Je veux un cœur déchiré par la séparation pour y verser la douleur du désir.
Quiconque demeure loin de sa source aspire à l’instant où il lui sera à nouveau uni.
 Moi, je me suis plaint en toute compagnie, je me suis associé à ceux qui se réjouissent comme à ceux qui pleurent… »

Djalâl ad-Dîn Rûmî
(traduction de E. de Vitray-Meyerovitch et M. Mortazavi)

 

Le tanbûr

Le tanbûr est le plus commun des luths à long manche dans les cultures musicales médiévales du monde musulman.
Instrument prédominant dans la musique classique ottomane et la musique soufie Mevlevie, le tanbûr turc voit son origine dans les luths à long manche provenant d’Asie centrale.

À la fin du XVIIe siècle, le tanbûr avait non seulement gagné sa place dans l’ensemble musical à la Cour ottomane mais il avait remplacé tous les autres membres de la famille des luths à manche court comme le ‘ûd et le kopuz.

La suprématie de ce luth est sans précédent dans la musique d’art turque.

L’instrument appelé tanbûr est le plus parfait et le plus complet de tous les instruments que nous connaissons car il effectue complètement et sans faute tous les sons et les mélodies que produit la voix humaine.

Dimitri Cantemir, Prince compositeur dans Le Livre de la science de la musique

 

Le râbâb

crédit photo : Refik-i Rebâb

Le rabâb est l’un des principaux instruments de la musique soufie turque, appelé également « voix mélancolique, nuage blanc » en perse, du fait de son timbre de complainte.
Jusqu’au XVIIIe siècle, cet instrument qui date de – 3800 avant J.C. était le seul instrument à corde de la musique turque.

Il a été joué durant 400 ans par les Seldjoukides et pendant 600 ans par les Ottomans.
A partir du XVIIIe siècle, le rabâb perd de son intérêt avec l’arrivée du violon européen, il serait en quelque sorte l’ancêtre du violon moderne.

Il a été réintroduit dans l’ensemble de musique classique ottomane, par le maître Mehmet Refik Kaya, artiste au sein de la Communauté historique de la musique turque d’Istanbul.

 

Le santûr

Le santûr est un instrument de musique persane, diffusé dans tout le Moyen-Orient, appartenant à la famille des cithares sur table.
Il s’agit d’un instrument à cordes frappées, sans doute très ancien (peut-être assyrien selon certains auteurs contestés) bien que les premières traces écrites ou picturales le représentant sous sa forme actuelle ne datent que du XIIe siècle.
Maintenu dans l’ensemble de la Cour ottomane jusqu’au XIXe siècle, il fût remplacé sous le règne du sultan Abdülmecid par le cymbalum roumain A la Franca, qui se jouait surtout dans les cabarets de la communauté juive.
Son déclin est quasiment parallèle à l’émergence du système musical moderne turc.

Le kemençe

Le kemençe classique (Klasik kemençe) ou Armudî kemençe ou Politiki lyra (grec : πολίτικη λύρα, lyre de Constantinople) est un instrument en forme de poire. Le terme lyra dérive du nom de la lyre grecque antique. Cet instrument était également joué à l’époque médiévale et à l’époque byzantine.

Avant d’être utilisé dans la musique classique ottomane, le kemençe était joué dans la musique populaire grecque (style de Smyrne du Rebetiko). Il est ensuite devenu, au milieu du XIXe siècle, le principal instrument à archet de la musique classique ottomane.

Le nom kemençe dérive du kemânçe persan, et signifie simplement « petit archet ».